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En Bretagne, la hausse de la taxe d’habitation ne fait pas de vagues

Volets refermés et plages désertes… Après l’agitation estivale, le calme plat est revenu à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine), station balnéaire huppée de la Côte d’Emeraude. Dans cette commune où l’Insee dénombre deux mille cinq cents habitants, 59,7 % des logements sont des résidences secondaires. « Mais ce n’est pas l’augmentation de la taxe d’habitation qui me fera partir », affirme Claude, retraité à chevelure argentée.
Le Francilien est tombé sous le charme de l’air marin lunairien il y a vingt ans. Sa taxe d’habitation, en tant que résident secondaire, s’établissait jusqu’ici à 10,59 % de la valeur locative nette de son logement. Elle s’élèvera dorénavant à 15,36 %, soit environ 180 euros de plus par an sur sa facture. Le fruit d’une majoration votée ­courant septembre par le conseil municipal, après qu’un décret ministériel a permis à plus de deux mille nouvelles communes – dont cent ­cinquante-six en Bretagne – de l’élever.
Le texte, publié le 26 août, concerne les zones qui « sont confrontées à un déséquilibre marqué entre l’offre et la demande de logements, entraînant des difficultés sérieuses d’accès au logement sur l’ensemble du parc résidentiel existant ». Objectif : que les résidences secondaires reviennent sur le marché de la location longue durée. Mais, dans les ­communes littorales, où se concentrent 65 % des résidences secondaires bretonnes, peu croient réellement à cette possibilité.
Yohan Louvel, élégant responsable d’agence immobilière à Saint-Lunaire, en rirait presque : « Ce ne sont pas quelques centaines d’euros d’impôts sur des maisons d’une valeur de 500 000 à 1 million d’euros qui vont changer la donne. » Vincent Bouche, adjoint au développement durable de la municipalité, le reconnaît : « Ce n’est pas ça qui va ­accroître notre potentiel de logements permanents. »
La c­ommune mise pourtant sur les 300 000 euros de recettes supplémentaires pour réhabiliter ses logements accueillant les saisonniers. Cette augmentation a tout de même suscité un débat au conseil municipal, une minorité regrettant que l’on « scinde la population », d’après le compte rendu publié par Ouest-France, entre « vrais » habitants et propriétaires de ­résidences secondaires. « Ce sont quand même des villes qui fonctionnent grâce à nous », déplore Joséphine de Breuil, ­trentenaire qui a acquis une résidence secondaire en 2021 à Saint-Lunaire et hostile à cette hausse.
Quelques kilomètres plus loin, l’idée de majorer la taxe sur les résidences secondaires n’a pas effleuré les conseils municipaux. « Ici, ce sont de grandes maisons de famille, elles ne vont pas se retrouver sur le marché de la location à l’année avec cette mesure », explique-t-on à Saint-Briac-sur-Mer, 60 % de résidences secondaires au compteur. De l’autre côté du Frémur, à Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes-d’Armor), le maire, Jean-Luc Pithois, estime qu’il « n’est pas nécessaire de faire tousser dans les chaumières alors que les finances sont saines », malgré les 63,8 % de résidences de vacances dans sa commune.
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